CHENILLES-Vu dans la Presse
17 mai 2010 07h23 | Par Jacques Ripoche
SUD OUEST
Chenilles plus scolytes* forment un cocktail ravageur pour les pins
Le Pôle santé des forêts pour l’Aquitaine et Midi-Pyrénées publie ce lundi le bilan de sa campagne d’observation sur le massif landais durant l’hiver 2009-2010. Il confirme l’activité spectaculaire de la chenille processionnaire du pin. L’insecte, qui n’avait pas sévi avec une telle intensité depuis vingt ans, est jugé responsable de la défoliation de « plusieurs centaines de milliers d’hectares ».
« Le phénomène n’est pas lié à la tempête Klaus », explique Emmanuel Kersaudy, technicien forestier qui a participé à ce travail, car « l’hiver précédent, une augmentation sensible des populations de chenilles avait déjà été constatée sur la façade ouest du massif ». Ensuite, un automne 2009 « particulièrement doux » a favorisé un développement larvaire précoce. Ainsi les premières « processions » ont-elles été observées dès la mi-octobre. Soit avec de trois à six mois d’avance. « C’est ce développement rapide de la chenille », souligne-t-on au Pôle santé des forêts, qui a favorisé « des défoliations plus précoces et plus importantes que d’habitude ».
Si elle n’en est pas la cause, la tempête Klaus a toutefois créé des conditions favorables. En temps normal, disent les techniciens, « les fortes défoliations affectent principalement les lisières, mais on observe cette année des peuplements défoliés jusqu’au milieu des parcelles, sur des superficies importantes ». Explications : « Dans certaines zones, la raréfaction des pins combinée avec de fortes populations de chenilles a provoqué des processions de famines au cours de l’automne. Cela s’est traduit par des processions de chenilles qui changeaient d’arbre à la recherche d’aiguilles à consommer. Toutes les classes d’âge ont subi des défoliations. »
Redoutable conjonction
Ordinairement, la chenille n’est pas mortelle pour le pin. Logiquement, au printemps, il reforme des aiguilles. Sauf que, cette année, les nouvelles pousses sur les pins défoliés présentent « un retard important dans le débourrement ». C’est ce qui provoque chez le promeneur le sentiment d’avoir affaire à des arbres morts. Contrariée par un début de printemps sec, la reprise est toutefois bien en marche, assure-t-on au Pôle santé.
Cela dit, les arbres ne survivrons peut-être pas tous. La tempête, en mettant 37 millions de mètres cubes de bois à terre, a favorisé le développement d’autres insectes qui s’infiltrent sous l’écorce, comme les scolytes. « Nous avons observé ce printemps de sévères attaques de scolytes sur des peuplements de pin maritime et taeda défoliés à plus de 90 % par la chenille processionnaire », indique le PSF, qui prévient : « Défoliation par la processionnaire et attaques de scolytes exceptionnelles, la conjonction de ces deux éléments peut entraîner en 2010 des mortalités importantes parmi les peuplements le plus défoliés. » Pour limiter les dégâts, les techniciens préconisent d’exploiter les arbres attaqués par les scolytes « même s’ils ne sont pas encore morts » et de les évacuer rapidement.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Scolytinae