Les chenilles processionnaires

Palcf: Françoise Branger , vous êtes présidente de Bassin d’Arcachon Écologie
Cette année nous sommes déjà envahie par une multitude de chenilles processionnaires et certains pins paraissent morts.
Qu’en pensez vous?

Françoise Branger:Étant dans l’après-midi de ce vendredi(22 janvier 2010) à Blagon et alentours, j’ai pu observer les pins brunis et défeuillés.
C’est le même constat que celui fait, de loin en loin, en marge de la route de Lacanau et autres.

Je maintiens, vu qu’il y a à peu près un nid de Chenille processionnaire par branche, que notre chère Thaumetopoea pityocampa y est pour quelque chose.
En ce moment, on constate des défoliations partielles ou totales dues à la Processionnaire du Pin et qui brunissent les arbres.
C’est assez vraisemblablement de cela qu’il s’agit.
Car le Fomès ou l’armillaire ne dessèchent les pins que très lentement: juste quelques pins par an (à compter sur les doigts d’une seule main.)
Il est confirmé par les anciens et aussi par l’INRA, qui connait son dossier là-dessus, que jamais un Pin n’est mort de la chenille, même après défoliation totale.
Si l’apparente “mort” (c’est-à-dire rapide brunissement) de pins est bien ce que je crois, ils seront tout-beaux-tout-verts dans quelques mois, car les pics de chenilles s’effondrent d’eux-mêmes.
Ils auront juste un anneau de croissance un peu plus étroit, car ils auront moins fait la photosynthèse pendant quelques semaines.
A quand des forêts aux écosystèmes riches, à la biodiversité abondante et où les très nombreux prédateurs de la Thaumetopoea pityocampa la régulent?
En effet, quand l’écosystème est complet (incluant des feuillus, des arbres âgés ou morts avec cavités, etc.) la Processionnaire du Pin est naturellement régulée par ses très nombreux prédateurs:
Parmi les prédateurs naturels de la Processionnaire, on compte bon nombre d’Hyménoptères parasites : Chalcidiens, Braconides, Ichneumonides mais aussi les fourmis, par exemple Formica rufa et Linepithema humile.
Le Grand Calosome, une sorte de Carabe, fait une grosse consommation de chenilles Processionnaires. La larve du même insecte est capable de se développer au sein même de leur nid. Les Ephippigères (des sortes de sauterelles) sont de grands prédateurs d’’œœufs de Thaumetopoea. La larve de Xanthandrus contus est un prédateur des chenilles.
Quant à Phryxe caudata, une sorte de mouche, elle parasite les Processionnaires.
En France, l’étude la plus complète, réalisée en 1958, montre que le taux de pontes attaquées peut atteindre 100 %, alors que celui d’œœufs détruits atteint 28 %.  
Plusieurs oiseaux exercent, ensemble, leur prédation durant tout le cycle de la Processionnaire depuis l’’œœuf jusqu’’au papillon. Les Mésanges charbonnière, bleue, huppée, noire sont toutes prédatrices des œœufs et/ou des chenilles Processionnaires, les consommant dans leur nid ou au sol. Le Coucou gris, le Geai, le Loriot prédatent les chenilles .La Huppe déterre et mange les chrysalides ; l’’Engoulevent avale les papillons nocturnes de la Processionnaire. 
Les mammifères s’invitent aussi au festin: les diverses Chauve-souris consomment les papillons de Processionnaire du Pin.
Le Lérot, un animal à la fois terrestre et arboricole aux moœeurs nocturnes, est aussi un prédateur efficace de la « Thaumetopoea pityocampa ».
Jean Mazodier: D’après le syndicat des sylviculteurs,les pins touchés ne vont pas mourir.
Leur croissance va être stoppée pendant un un an pour leur permettre de refaire leurs aiguilles. Mais des attaques importantes peuvent affaiblir l’arbre,ce qui le rend sensible aux attaques de ravageurs sous corticaux ou autres pathogènes.
Les jeunes peuplements sont les plus sensibles,notamment quand ils sont dans un environnement ouvert,par exemple le long des routes ou aux bords des éclaircies coupes rases ou des chablis post tempête.
On assiste cette année à un pic(ils interviennent tous les 5 à 7 ans) et hors cycle-la chenille est “processionnaire” en mars/avril.

On peut trouver l’avertissement santé des forets 09-12 sur le site de la DRAAF Aquitaine.

La lutte ne doit pas être systématique mais plutôt  être raisonnée en fonction des risques et limitée aux zones à risques(jeune peuplement) et ouverts-sur une profondeur ne dépassant pas de 20 à 50 m.
Elle est limitée au mois de septembre-octobre?Sinon cela ne sert à rien.
Pour les jeunes peuplement,il reste possible d’enlever les nids à l’aide d’un échenilloir puis de les détruire. Se protéger des poils urticants à l’aide d’une combinaison intégrale.

Palcf: pour les curieux:

http://agriculture.gouv.fr/sections/thematiques/foret-bois/sante-des-forets
http://draaf.aquitaine.agriculture.gouv.fr

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