Chantecler Piquey – Hommage à Raymond Radiguet
Commémoration du centenaire de la mort de Raymond Radiguet
À l’initiative de notre Association (PALCF) et de la commune, ce mardi 12 décembre a été organisée la commémoration du centenaire du décès de Raymond Radiguet. Ainsi, à cette occasion, une plaque commémorative a été posée sur le muret de la résidence Chantecler de Grand Piquey, Lège-Cap Ferret ! En effet, jusque dans les années 70, la résidence était un hôtel et Jean Cocteau y invita Raymond Radiguet, auteur de “le Diable aux Corps” !
Jean Mazodier accompagné de Denis Blanchard- DIGNAC à l’hotel Chantecler !
Retrouvez l’article de TvCapFerret avec le reportage photo, les témoignages et la lecture de Diable au Corps !
À propos de Grand Piquey
Le secret, il flotte aussi dans un mythe né voici déjà longtemps et que l’on découvre sur les traces de Jean Cocteau, lui qui signait d’une étoile et qui a connu un cap Ferret d’avant la création du monde. Venu plusieurs fois à Piquey, entre 1917 et 1939, Cocteau, magicien, a transformé, en trois moulinets de mots, cette côte noroît en “rivage nègre et en paysages du Texas”, comme il disait émerveillé. Il en fit même une terre de ses amours. Amours parfois aléatoires, comme en 1920 avec Raymond Radiguet, parfois très partagées avec Jean Marais, en 1939. Le comédien peignait – fort bien – tandis que Raymond Radiguet, l’enfant avec une canne, écrivit ici avec peine, en 1921, son chef d’ œuvre scandaleux,<< Le Diable au corps >>. Mais ce qui scandalisait déjà des autochtones c’était à la vague de plaisir qui déferlait sur Cocteau et ses amis. Ils se promenaient tout nus, fumaient l’ opium, dansaient toute la nuit, après avoir joué du théâtre dans la salle de bal de l’ épicier Dumur, aux sons d’un orgue, << Une usine à notes, à gammes, à cymbales et à castagnettes >>, écrit Cocteau, alors que le compositeur Georges Auric se fait livrer, par bateau et via la plage même, un piano et alors aussi que le peintre André Lhôte peint des sirènes alanguies sur la coque de barcasses abandonnées…
Les bords de la dune de Piquey éblouissent Cocteau. Il en fait un << Eden colonial avec la mer, la montagne, la forêt, le soleil, ce charlatan sur un carrosse d’or qui vous chloroforme, vous arrache les souvenirs et vous adoptez la couleur des bêtes. » Les araignées, qu’il voit grosses comme des crabes, les moustiques et les mouches qu’il classe tsé-tsé : rien ne l’ empêche de s’attacher charnellement à cette côte, qui forme, écrit-il, << Un paysage sauvage, superbe, où on respire un air pur et salé.>> Tout lui plaît ici : les pantalons rouges des pêcheurs, les pirogues, les cases, l’hôtel avec sa chambre en cabine de frégate, les plantes grasses, la brousse ou la dune. Toujours, écrira-t-il, Jean Cocteau entendra, << Comme la basse des drummers de jazz, cette palpitation émouvante du cœur des pinasses et de notre jeunesse au bord du Bassin d’Arcachon>>. Et, chose extraordinaire, malgré les apparences, en ce XXIè siècle, souffle toujours sur cette presqu’île, ce charme subtil auquel nul ne peut échapper et que Cocteau explique : << La beauté agit, même sur ceux qui ne la constatent pas.»
Elle est donc là, la force du mythe du cap Ferret que nous cherchions. Comme dans une étoile. Mais d’une autre galaxie.
Jean DUBROCA le 18 aout 2010 sur RCA(Radio Cote d’Argent)