Vu dans la presse-SUD OUEST
Vendredi 02 Janvier 2009
LÈGE ET LA TESTE. Le massif forestier, de part et d’autre de l’entrée du bassin d’Arcachon, soit plus de 6 000 ha, va être, à terme, officiellement classé en protection
Un patrimoine à protéger
Jean Mazodier, le président de l’Association de protection et aménagement de Lège-Cap-Ferret n’en revient toujours pas. Il est vrai que pour celui qui se bat depuis toujours contre les coupes de bois, les défrichements, c’est un beau cadeau qui vient d’orner son sapin de Noël : « La forêt domaniale de Lège et Garonne, dont le Truc Vert, et celle de La Teste vont être officiellement classés “forêts patrimoine”, explique-t-il. Ces deux sites, emblématiques, situés à bâbord et à tribord de l’entrée du bassin d’Arcachon ont été sélectionnés en fonction de leur dimension culturelle et sociale, leur qualité environnementale, notamment. Ce massif forestier, c’est le capital touristique du bassin d’Arcachon, avec l’océan et le Bassin. Ne le détruisons pas. »
En clair, il s’agit d’un ensemble de 6 250 ha – dont près de 450 sur Lège – encadrant l’entrée du bassin d’Arcachon et le grand site de la dune du Pilat. Ils vont donc obtenir cet atout de protection, en vertu de leur richesse paysagère, historique, environnementale.
Un peu d’histoire
« C’est la première bataille que nous gagnons dans la guerre, commencée il y a plus de 65 ans par mes grands oncles Georges Lesca et Robert Loustau, poursuivie par mon père avec la Mission Biasini et l’aide des architectes – avec les encouragements d’Emile Biasini -, et que j’ai continué depuis 15 ans », relate Jean Mazodier.
Rappelons ici que Léon Lesca, entrepreneur de travaux publics (originaire de La Teste) après avoir travaillé à Alger, et de retour dans son pays natal, acheta avec son frère Frédéric, aux enchères publiques, dans la presqu’île du Cap-Ferret, la moitié orientale de la forêt domaniale de Garonne.
Or, plus de 40 % de la superficie de Lège-Cap-Ferret est occupée par la forêt domaniale, et gérée par l’Office national des forêts, lequel a établi un programme de coupes jusqu’en 2014. Un massif protégé, – toute construction et vente y sont interdites -, plantée essentiellement de pins maritimes. Or, et Jean Mazodier n’a de cesse de le répéter depuis des années : « La politique de l’ONF tend à la pratique de coupes rases, dans le cadre d’une logique productive. Ce sont des dizaines d’hectares qui disparaissent chaque année. »
Étude paysagère
« Ce classement est un virage à 180°, souffle Jean Mazodier. Nos forêts ont été sélectionnées, avec 16 autres sites, parmi les plus prestigieuses de France, Fontainebleau, Compiègne, Sainte- Baume. »
Cette protection va « permettre de valoriser le patrimoine forestier dans une démarche de développement durable, à l’heure du Grenelle de l’Environnement », ajoute-t-il. Une étude paysagère (état des lieux, propositions de gestion, etc.) va être entreprise dès février 2009, dans le cadre d’un partenariat entre plusieurs organismes.
L’ensemble des acteurs du massif y travaillera : élus, représentants de la forêt privée, monde associatif… Et les actuelles démarches en cours, tel que le guide paysager de la forêt de La Teste, extension des sites, SCOT, (schéma de cohérence territoriale) PLU (plans locaux d’urbanisme) y seront associées.
Jean Mazodier de le dire avec humour : « Après la bataille de Castillon qui a mis fin à la Guerre de cent ans, est-ce la bataille du Truc Vert qui verra la fin de la guerre entre les tenants de la forêt cultivée économique et les tenants de la forêt patrimoine dans certains sites ? »
Auteur : chantal roman