Nos pins-bouteille perdus de la forêt usagère

Publié le 5 février 20235 février 2023 par admindo

Ci-dessus, un pin maritime qui a subit la double peine: PIN-BOUTEILLE
Décapité au niveau supérieur des cares (XYNTHIA 2010) puis brûlé en 2022
( incendie Forêt Usagère).

Parcelle La bat du porge – 5,25 m circ. 300 Ans (en 2020)

Texte de Monsieur Bertrand QUINTON :

Habitant LA TESTE DE BUCH depuis 1971, et retraité depuis 1997, j’ai passé 14 ans de ma retraite (2008-2022) à recenser (bénévolement) les pins-bouteilles de notre magnifique Forêt Usagère (3 800 Ha): elle ne l’est plus actuellement après ce terrible incendie de 2022….. qui a fait qu’ils ont tous brûlé. Heureusement qu’il me reste beaucoup de documents sur ces recherches ( 40 pins-bouteilles, de 4,00m à 6,10 m de circonférences) . Aucun testerin n’avait pensé à traiter ce sujet très intéressant, diffusé en 2012 sur la Sté Historique et Archéologique d’ARCACHON et du Pays de Buch.

Comportement des pins maritimes lors de l’incendie de 2022 :

Je n’ai pas encore le plan de ce qu’il nous reste de la Forêt Usagère de LA TESTE DE BUCH (Gironde), mais, étant dans les Pyrénées, j’ai suivi l’évolution de ce terrible incendie sur mon smartphone.

Effectivement, il me tarde de savoir ce qui a été épargné; heureusement que j’ai fait ce travail de recherches des pins-bouteilles depuis 2008, car je suis le seul « testerin » à y avoir pensé: arrivé en 1966 dans la région (CEL Biscarrosse).

Certains ont mis en cause ces magnifiques arbres (pins-bouteilles), comme responsables de la suite de cet incendie, mais je pense que par rapport au millions de pins qui ont brûlé (environ 1,2 pour la Forêt Usagère d’après mon appréciation, régénération comprise pendant quarante ans depuis l’arrêt du gemmage), leur présence en forêt était infime, puisqu’ils étaient destinés à être abattus dès le gemmage à mort pour utilisation dans les fours à goudron: ils se comportent au feu comme des pins normaux ayant cicatrisé leurs blessures (cares) à partir de 70 ou 80 ans pour la plupart d’entr’eux et ainsi jusqu’à près de 350 ans, sauf quelques-uns dont les ourets ont éclaté et qui brûlent plus facilement.

Le seul inconvénient lors d’un incendie c’est leur grosseur (6,10 m de circonférence pour le « Pin du Seigneur » – évalué à 350 ans : le plus gros au XXe Siècle en Forêt Usagère).

Quarante ont été repérés entre 2008 et 2022 lors de mes recherches sur 3800 Ha (à partir de 4,00 m de circonférence).

Par contre, j’ai constaté sur les divers films diffusés que les cares gemmées à l’acide (une ou deux par pins restants et non cicatrisées) étaient de très bons conducteurs des flammes: elles montent sur la care à une rapidité étonnante, même fulgurante alors que la résine suinte tout au long de cette care, compte tenu de la chaleur, et les flammes atteignent plus rapidement le houppier (voir films sur Google en gros plans).

La cicatrisation de la care étant avortée au bout de 10 à 15 mm seulement (3 à 4 ans), le restant entre ces deux cicatrisations est brûlé par l’acide; il sonne creux et le bois est mort tout au long de la care : d’où son inflammation rapide de tout le pin dès l’arrivée des flammes.

La règlementation des largeurs de cares (9 cm -1883) n’a pas toujours été appliquée par tous les résiniers puisque j’en ai mesuré, gemmées à l’acide (ou à l’activée) jusqu’à 25 cm (présence de résiniers portugais ?….. ou autres, ayant remplacé les résiniers n’étant pas revenus lors de la guerre de 14-18 : 37 rien que pour LA TESTE).

Ces pins particuliers sont donc restés en l’état depuis cette guerre et sont spectaculaires; quelques-uns existent également en forêt usagère de BISCARROSSE (Landes) sur 300 Ha.

Désolé de cette perte de beaux arbres à la fois curieux et exceptionnels: ils resteront toutefois dans l’historique de la Forêt Usagère de LA TESTE DE BUCH et grâce à ces recherches (voir diapo moins récent sur site Bertrand QUINTON, intégrant quelques pins-bouteilles de la Forêt Usagère de BISCARROSSE).

En savoir plus sur le site de la Sociéte Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

Bertrand QUINTON – 20.07.2022

bert.quin@free.fr