Banc d’Arguin : PALCF vote contre le Plan de gestion

Banc d’Arguin : nos explications après notre vote contre le Plan de gestion

Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet dans le prochaine bulletin qui sera publié début 2023. Mais nous souhaitons vous informer sur la position de l’association qui a été relayé par le Journal Sud Ouest ce 24 décembre 2022.

La Conclusion du communiqué de l’association PALCF

Compte tenu des commentaires et réserves présentées ci-dessus, nous donnons un avis défavorable au projet de Plan de Gestion qui nous est soumis. 

De plus, nous souhaitons que le travail réalisé depuis 50 ans fasse l’objet d’un audit externe et indépendant portant notamment sur les résultats obtenus par rapport aux objectifs annoncés, la gestion, le coût financier de cette opération et l’éventuelle redéfinition des objectifs si on considère que la priorité doit rester la protection du site et de son environnement et l’étude de sa biodiversité. 

Le Bilan de la gestion sur la période 2002-2022 :

L’absence de tout bilan de la gestion de la RNN par la SEPANSO depuis sa création, depuis 1972, était très regrettable. PALCF, avec d’autres membres du PNMBA, avait souligné ce point, le 3/12/2021, lorsque le projet initial de PG a été présenté au Conseil de Gestion du PNMBA pour validation. Cette remarque a été prise en compte par la SEPANSO et on ne peut que se réjouir du fait que le projet révisé s’appuie maintenant sur un bilan. On notera cependant que ce bilan ne couvre que les 20 dernières années alors que la SEPANSO est le gestionnaire de la RNN depuis 50 ans. Quelques mots sur ce bilan :

  • La justification “première” de la création de la RNN-Arguin, en 1972, était de protéger, sur le site, la reproduction de la colonie de Sterne Caugek. Force est de constater, aujourd’hui, que l’échec est patent avec une reproduction qui a tendanciellement baissé depuis 1992 pour atteindre le niveau zéro en 2022…Nous n’insisterons pas davantage sur cet échec. Nous rappellerons seulement que notre association PALCF avait donné, en février 2020, un avis défavorable sur le “Projet d’effarouchement ou destruction des milans noirs et de différentes espèces de goélands, sur la RNN pour y sécuriser la reproduction de la Sterne Caugek” présenté par la SEPANSO. Nos arguments étaient les suivants :
    • Même si la Sterne Caugek est aujourd’hui objectivement perturbée dans sa reproduction par les actions de prédation des Milans noirs et des Goélands, au sein de la RNN du banc d’Arguin, il convient de souligner que cette population, protégée, n’est pas menacée au plan national. Le suivi de la reproduction et de la prédation doit donc être effectué à une échelle géographique plus large englobant a minima le Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon et éventuellement au-delà. 
    • Besoin de plus d’humilité face à l’ambition de vouloir gérer les phénomènes de prédation inter-espèces.
    • Au niveau de la RNN, la priorité doit rester la protection du site et de son environnement et l’étude de sa biodiversité.
    • La situation actuelle, avec notamment le développement de colonies de Sterne Caugek sur d’autres sites du littoral atlantique (cf. page 6 du Bilan et page 82 du diagnostic), montre que notre avis défavorable était pertinent.
  • En termes d’amélioration de connaissances et de production scientifique, après 50 années de gestion exclusive de la RNN, nous considérons que la production scientifique, issue de ce site remarquable, en dehors des très nombreux inventaires, est globalement pauvre en terme de résultats de recherche.  Ce point est d’ailleurs confirmé par la SEPANSO, en page 108 du diagnostic, qui souligne le “manque d’implication dans des programmes de recherche et la nécessité de monter, dans l’avenir, davantage de partenariats scientifiques”.

Partie A : Diagnostic/état des lieux :

Beaucoup d’informations dans cette partie A qui traite de nombreux thèmes comme la biodiversité, l’évolution géomorphologique du Banc d’Arguin, le suivi des activités humaines, le suivi scientifique, etc. Nos principaux commentaires portent sur deux points :

  • Activités humaines (ostréiculture, pêche professionnelle, pêche de loisir, fréquentation) : la difficulté de collecter des données est rappelée plusieurs fois avec comme résultat beaucoup d’analyses qualitatives mais trop peu d’éléments quantitatifs notamment en terme d’interactions entre telle ou telle activité humaine et la faune ou la flore présentes sur le site. Ce constat est regrettable car les données quantitatives et mesurées sont des éléments importants pour justifier la pertinence de certaines mesures de gestion.
  • L’avenir du Banc d’Arguin : il faut rappeler que le Banc d’Arguin n’est qu’un des éléments au sein d’un site naturel regroupant “le système des passes du Bassin d’Arcachon, la dune du Pilat et la forêt domaniale de la Teste”, lequel fait figure de rareté au niveau international avec un intérêt patrimonial fort (cf. inventaire national du patrimoine géologique). Le banc d’Arguin y subit des évolutions très rapides et il aurait semble-t-il vocation à disparaître prochainement, à l’échéance 2030 ! (cf. page 42), tandis que d’autres bancs de sable naissants pourraient eux se développer. Cette évolution d’un site, qui reste donc un élément conjoncturel, pourrait amener à relativiser certains enjeux…

Partie B : Plan de Gestion / Définition des enjeux et programme d’actions :

Cette partie se résume à la présentation d’une arborescence déclinant successivement les enjeux, les objectifs à long terme, les objectifs opérationnels à 10 ans (correspondant théoriquement à la durée du Plan de Gestion) et les opérations/actions de gestion correspondantes planifiées pour les 3-5 prochaines années à venir. Cette présentation nous amène à formuler 2 commentaires :

  • L’arborescence conduit à proposer 91 actions pour les 3-5 prochaines années ! Les tableaux correspondants présentés nous apparaissent comme le résultat d’un exercice intellectuel détaillé mais certainement pas comme un outil opérationnel permettant un réel suivi. En clair, nous aurions préféré une approche plus simple et plus opérationnelle avec quelques opérations majeures, dont la justification s’appuierait sur les résultats du Bilan 2002-2022 et qui pourraient faire l’objet d’un suivi rigoureux quant à l’atteinte des objectifs attendus, avec les indicateurs correspondants. 
  • Les indicateurs : La proposition de mettre en place des indicateurs d’atteinte des objectifs nous paraît être la seule véritable innovation et on ne peut qu’adhérer à cette proposition. On note cependant qu’il aura fallu attendre 50 ans pour proposer le principe d’indicateurs susceptibles de vérifier la pertinence et l’efficacité des mesures proposées
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