Le Cap-Ferret : Bartherotte-Sammarcelli et les « mots assassins »

SUD OUEST
29 juin 2010 10h44 | Par DOMINIQUE RICHARD

Le Cap-Ferret : Bartherotte-Sammarcelli et les « mots assassins »
Michel Sammarcelli avait accusé Benoît Bartherotte de ne pas payer d’impôts locaux. Son vieil ennemi le poursuivait en diffamation hier devant le tribunal.

La scène se passe au mois d’août 2009 dans la salle de la Forestière au Cap-Ferret. L’association de protection et d’aménagement de Lège-Cap Ferret tient son assemblée générale. Comme à l’accoutumée, le maire, Michel Sammarcelli y a été convié. L’élu est encore sous le choc de la diffusion du reportage réalisé par une équipe du magazine « Capital » pour M6. Il n’a pas été épargné. Plusieurs habitants lui ont vertement reproché de vendre la presqu’île aux plus offrants.
Amer, Michel Sammarcelli, s’épanche devant son auditoire et critique l’un de ses accusateurs. « Ce propriétaire qui loue ses cabanes entre 15 et 20 000 euros la semaine mais ne paie ni taxe d’habitation, ni impôt foncier. » Personne n’est nommément désigné mais tout le monde a reconnu Benoît Bartherotte, l’irréductible ennemi du maire. Quelques mois plus tard, lorsque le discours de l’élu est reproduit dans le bulletin de l’association, le sang de Benoît Bartherotte ne fait qu’un tour. Il tient enfin l’occasion de traîner le premier magistrat devant le tribunal.

Un impôt volontaire
Hier après midi, Jean Mazodier, le président de l’association, et Michel Sammarcelli répondaient respectivement de diffamation et de complicité. Benoît Bartherotte était venu avec un volumineux sac plastique gorgé de documents dont une attestation de la trésorerie d’Audenge signifiant qu’il était à jour de ses impôts. « Avec des phrases assassines, on peut démolir un homme, déplore son avocat Me Boerner. Non seulement, il acquitte ses impôts mais sans lui, des dizaines d’hectares auraient déjà disparu. Depuis vingt-cinq ans, il paie un impôt volontaire en construisant et en entretenant une digue de 400 mètres financée avec l’argent des locations. »
La discorde a creusé son sillon. Benoît Bartherotte et Jean Mazodier n’ont plus envie d’évoquer l’époque où ils appartenaient tous les deux à la même association. « Je me demande ce que je fais ici », lâche Jean Mazodier. Ce descendant d’une vieille famille ferretcapienne estime n’avoir fait que répercuter le discours d’un maire élu et « bien élu » par la population.
« Ce bulletin était réservé aux membres d’une association unis par une même communauté d’intérêts, à savoir la protection et la sauvegarde de la presqu’ile », rappelle Me Lionel Marconi, son défenseur, en s’abritant derrière une jurisprudence de la cour de cassation. « Aucune diffamation publique ne peut tenir lorsqu’un écrit à usage interne n’a fait l’objet d’aucune publicité. »
Bataille juridique
Davantage que sur le sens des mots, c’est aussi sur le terrain du droit que se place Me Valérie Sempé, le conseil de Michel Sammercelli. « Les propos litigieux ont été reproduits plusieurs mois après son intervention mais sans son aval. Or dans de tels cas de figure, la cour de cassation précise bien qu’il faut l’accord express de l’intéressé. Qui plus est, Benoît Bartherotte n’était pas désigné. Il a parlé d’un propriétaire qui loue des maisons. Il n’est pas le seul au Cap Ferret. »
Michel Sammercelli qui ne passe rien à Benoît Bartherotte a pris garde de ne pas monter sur la barricade sans biscuit. Il détient un document émanant de l’administration fiscale en date d’octobre 2008 selon lequel il est exonéré de taxe d’habitation en raison de son âge et de revenus trop faibles. « Michel Sammercelli n’a fait que dire ce qui était », poursuit Me Sempé. Pour Benoît Bartherotte en tant que personne physique. Mais quid du ménage Bartherotte. Le plus médiatique des Ferretcapiens, ne snobe pas le fisc. Mais ce n’est pas lui qui signe les chèques mais la société civile immobilière, propriétaire des constructions dont sa femme est la gérante.
Le tribunal correctionnel présidé par Caroline Baret s’est donné jusqu’au 30 août pour démêler cet écheveau juridique. Mais cela ne devrait pas empêcher d’ici là les duellistes du Cap-Ferret de tricoter un nouveau contentieux. Il a pris naissance dès hier à l’audience par avocats interposés. Michel Sammercelli a refusé de retirer de ses conclusions l’affirmation selon laquelle Benoît Bartherotte avait été privé pendant dix ans de ses droits civiques à la suite de la faillite de l’une de ses sociétés.

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